Cinquante détenus du Camp-Est, principal établissement pénitentiaire de Nouvelle-Calédonie, surpeuplé et insalubre, ont attaqué l’État dans un recours en urgence examiné mercredi par le tribunal administratif de Nouméa.
“La prison de Nouméa est une honte pour l’État de droit et la République”, a lancé leur avocat, Me Charly Salkazanov, lors de l’audience, qualifiant cette requête “d’inédite par le nombre de requérants et l’ampleur des dysfonctionnements”.
Selon lui, “c’est une indignité à quasiment tous les niveaux : des matelas au sol, un manque d’activité et des conditions d’hygiène déplorables”.
“On parle de cellules où il n’y a quasiment pas de séparation entre les toilettes et le reste de la pièce, une obstruction complète de la lumière du jour, et des détenus contraints de végéter 23 heures par jour sur leur lit parce qu’il n’y a qu’une heure de promenade quotidienne”, précise Me Salkazanov.
D’après les chiffres communiqués par l’administration pénitentiaire, 146 personnes sont actuellement incarcérées dans la maison d’arrêt, qui compte seulement 81 lits. Au total, le centre pénitentiaire accueille 556 détenus pour 397 places.
“À un moment, on a été cinq dans ma cellule. Deux dormaient sur les lits superposés, un sous la table, un devant les toilettes et un autre devant la porte”, raconte un ancien détenu présent à l’audience, sous couvert d’anonymat. Les cellules du Camp-Est mesurent entre 10,27 et 12,83 m².
Les témoignages recueillis, appuyés par des photographies, évoquent également la prolifération de nuisibles : “cafards, rats, souris”, mais aussi des scolopendres, dont la piqûre est particulièrement douloureuse.
“Des campagnes d’éradication sont régulièrement menées”, a assuré à l’audience Diane Chevreau, directrice de l’établissement, précisant que depuis de précédentes condamnations, “un plan pluriannuel de travaux a été mis en place”.
Le Camp-Est a déjà fait l’objet de nombreux recours, mais jusqu’à présent, “on se concentrait sur le volet indemnitaire pour des détenus sortis. Là, il s’agit de faire changer les choses”, souligne Me Salkazanov. Il demande la fin immédiate des matelas au sol, un meilleur accès aux soins et des conditions d’hygiène décentes.
En 2011 et 2019, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté avait déjà dénoncé une “violation grave des droits fondamentaux” au Camp-Est.
Le juge des référés rendra son ordonnance lundi prochain.
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