Le ministère de la Justice malgache a demandé à Interpol l’émission d’une notice rouge contre l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, proche du président déchu Andry Rajoelina, pour son implication présumée dans le transfert en Iran de Boeing 777 via Madagascar, selon un courrier officiel.
En fuite à l’île Maurice, où ses avoirs ont été gelés, le magnat de 56 ans, considéré comme l’une des plus grandes fortunes de Madagascar, fait déjà l’objet d’un mandat d’arrêt pour blanchiment de capitaux daté du 16 octobre, soit peu après la prise de pouvoir de l’armée.
L’affaire est liée au scandale des cinq avions gros porteurs Boeing 777 obtenus en juillet par la compagnie aérienne iranienne Mahan Air, placée sous sanctions américaines, grâce à des certificats d’immatriculation provisoires délivrés par l’Aviation civile de Madagascar (ACM). Ces documents auraient été falsifiés, selon les autorités malgaches, qui évoquent une modification illégale prolongeant leur validité sans autorisation.
D’après le courrier du ministère de la Justice daté du 20 octobre, un des suspects, Singh Khushwinder, actuellement détenu à Madagascar, a désigné lors de son interrogatoire plusieurs personnalités impliquées : l’ancien ministre des Transports, Valery Ramonjavelo, le directeur général de l’ACM, ainsi que Mamy Ravatomanga, présenté comme l’instigateur de l’opération.
Plusieurs autres suspects placés en détention dans l’île ont également confirmé son rôle central dans l’affaire lors d’interrogatoires menés en coopération avec le FBI. Singh Khushwinder a par ailleurs affirmé qu’un million d’euros aurait été versé au directeur général de l’ACM et un autre au ministre des Transports par un représentant de Mahan Air.
Le groupe Sodiat, propriété de Mamy Ravatomanga, n’a pas répondu aux sollicitations des journalistes.
Ces dernières semaines, Mamy Ravatomanga était devenu l’une des figures les plus contestées de la scène économique et politique malgache. Des manifestants l’accusaient d’avoir capté une part considérable des richesses nationales grâce à sa proximité avec le président Andry Rajoelina. Son conglomérat est présent dans de nombreux secteurs : exportation de vanille et de litchis, distribution automobile, aviation, sécurité privée, médias, BTP, santé, immobilier, hôtellerie et tourisme.
Le renversement du président Rajoelina, consécutif au ralliement d’une unité militaire aux manifestants antigouvernementaux, a bouleversé l’équilibre politique du pays. Le commandant de cette unité, Michaël Randrianirina, a été investi président de Madagascar le vendredi suivant, marquant un tournant majeur dans l’histoire récente de la Grande Île.
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