Le projet de loi contre la vie chère dans les territoires d’Outre-mer, présenté sous le gouvernement Bayrou et repris par celui de Sébastien Lecornu, a été adopté mercredi en commission au Sénat. Il sera examiné dans l’hémicycle mardi prochain.
Les sénateurs de la commission des Affaires économiques ont donné leur accord à ce texte qui vise à relancer le pouvoir d’achat, renforcer la transparence économique et encourager la transformation des économies ultramarines. Cette initiative fait suite aux fortes mobilisations sociales, notamment en Martinique à l’automne 2024, contre le coût de la vie.
Le texte prévoit notamment un renforcement du dispositif du “bouclier qualité-prix” (BQP), qui fixe le prix d’un panier de produits de première nécessité. Ce mécanisme devra désormais permettre une réduction réelle de l’écart de prix avec l’Hexagone, et non plus seulement une modération symbolique.
Les sénateurs se sont toutefois opposés à l’une des principales mesures proposées : l’exclusion des frais de transport du calcul du seuil de revente à perte. Cette disposition, censée autoriser les distributeurs à abaisser davantage leurs prix, notamment sur les produits essentiels, a été jugée risquée pour l’équilibre économique local.
Selon les rapporteurs du texte, Micheline Jacques (LR) et Frédéric Buval (groupe macroniste), cette mesure “ferait courir le risque de renforcer les positions dominantes des gros distributeurs, de fragiliser le commerce de proximité et de pénaliser la production locale”.
“Malgré les nombreuses avancées de ce texte en matière de transparence, les inquiétudes demeurent à long terme”, a déclaré Frédéric Buval lors de la séance de questions au gouvernement.
La présidente de la commission des Affaires économiques, Dominique Estrosi Sassone (LR), a pour sa part regretté que “le texte ne soit pas à la hauteur de ce qu’attendent les ultramarins”, tout en soulignant qu’il avait été adopté à l’unanimité à ce stade pour “les quelques avancées” qu’il contient.
Selon les données de l’Insee, l’écart de prix pour les produits alimentaires peut atteindre jusqu’à 42 % entre les territoires ultramarins — avec la Guadeloupe et la Martinique en tête — et la France métropolitaine, illustrant l’ampleur du défi que ce projet de loi entend relever.
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