Le Mémento a obtenu copie d’une correspondance interne émanant du personnel de l’Association Réunionnaise d’Assistance Respiratoire (ARAR) et soins à domicile. Dans ce texte, les salariés prennent la parole « non pas pour polémiquer, mais pour témoigner d’une urgence sociale et morale ». Leur message montre l'inquiétude d’une transformation qualifié de « silencieuse » de leur association, qu’ils estiment symptomatique d’un changement plus large du modèle du soin à La Réunion.
Selon cette correspondance, une convention de mandat de gestion aurait été signée le 10 juin 2025 entre l’ARAR et l’AURAR, transférant à cette dernière la gestion intégrale de l’association, « dans la perspective d’une fusion-absorption ». Les auteurs dénoncent une procédure menée « sans assemblée générale, sans consultation du personnel, ni communication officielle », alors même que la décision « engage l’avenir de centaines de familles réunionnaises ».
Selon eux, les salariés y voient une « prise de contrôle silencieuse du soin local », et une menace directe pour leurs emplois « Nous accompagnons les malades, les personnes âgées, les familles en difficulté. Nous le faisons avec foi, avec humanité, avec attachement à notre territoire. Mais aujourd’hui, nos emplois et donc nos foyers sont menacés par des décisions prises loin du terrain. »
Un enjeu de pluralisme et de cohésion sociale
Pour les auteurs du texte, l’enjeu dépasse la question des statuts : « Le soin n’est pas une entreprise. La santé n’est pas une marchandise. Et la dignité des travailleurs ne doit pas être négociée au nom d’un bilan comptable. » Ils redoutent qu’en cas de fusion effective, un acteur unique concentre la quasi-totalité du secteur rénal, de la réadaptation, de l’HAD et du PSAD, créant ainsi une position dominante contraire à l’esprit du service public et au pluralisme sanitaire. Le document évoque également des précédents sur le territoire national, citant une étude de 2021 d’Élise Martin (L’Espace politique), consacrée à la fusion entre deux associations du secteur médico-social « La rationalisation administrative a fragilisé la relation de soin, éloigné la gouvernance du terrain et dissous les spécificités locales. »
Un appel solennel aux élus
Cette lettre de salariés de l’ARAR en appellent à une réaction des autorités locales. Ils demandent :
1. Le maintien des emplois et des missions de l’association ;
2. La suspension du mandat de gestion du 10 juin 2025, mis à jour le 1er août ;
3. Le soutien au pluralisme associatif dans le secteur de la santé ;
4. La protection des familles réunionnaises contre une déstabilisation sociale majeure.
Enfin, leur texte se clôt sur un message adressé directement aux élus « Nous aimons notre métier. Nous aimons notre île. Ce que nous défendons, c’est la dignité. Nous ne réclamons pas des privilèges, mais de la stabilité. À celles et ceux qui exercent des responsabilités politiques à La Réunion, nous disons simplement : regardez-nous, écoutez-nous, et dites-nous clairement : nos vies ou leurs profits ? »
Memento.fr


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