En déplacement à La Réunion à l’occasion de la Journée Entreprendre au féminin à l’international, la députée Lanto Rakotomanga, élue du 2eme arrondissement d’Antananarivo et cheffe d’entreprise, revient sur les avancées en matière de parité à Madagascar, les défis sociaux qu’elle porte et les coopérations possibles dans la zone océan Indien. Entretien.
Lanto Rakotomanga : Invitée par Nadine Angelie, présidente de la commission Développement international de la CCI Réunion, je suis venue représenter les femmes entrepreneures malgaches dans le cadre de la Journée Entreprendre au féminin à l’international. Une délégation officielle devait initialement faire le déplacement, mais les célébrations de la fête nationale de l’indépendance ont empêché la venue de madame la Ministre et de madame la Maire de la capitale. En parallèle de mon engagement politique, je suis aussi cheffe d’entreprise dans le secteur du bâtiment et de l’immobilier, avec deux sociétés employant une vingtaine de salariés.
L. R. : J’ai eu le plaisir de participer à la Journée Entreprendre au féminin, et d’assister à la conférence du président de la CCIR, en présence de la députée Karine Lebon et de femmes entrepreneures venues de Mayotte, des Comores, de Maurice... Grâce à la CIVIS, j’ai également pu visiter une installation de traitement des déchets. C’est une expérience très enrichissante car les problématiques liées à l’énergie (électricité, eau mais aussi recyclage) sont cruciales à Madagascar, en particulier à Antananarivo.
L. R. : Je crois profondément à la complémentarité entre la vie politique et la vie d’entrepreneure. En tant que députée, je veux aider les femmes à entreprendre. Et en tant que cheffe d’entreprise, je peux comprendre et soutenir les initiatives politiques. Ces deux sphères sont indissociables si l’on veut faire avancer la cause des femmes.
L. R. : Dans le monde des affaires, les femmes représentent environ 30 %. À l’Assemblée nationale, elles sont près de 23 %. Le président de la République, Andry Rajoelina, encourage fortement leur participation à la vie publique et nomme proportionnellement plus de femmes que d’hommes. Le gouvernement compte actuellement plus d’une dizaine de femmes ministres.
L. R. : Depuis une dizaine d’années, les choses évoluent positivement. Les femmes prennent la parole, s’investissent davantage. Nous faisons un important travail de sensibilisation pour inciter les jeunes filles à poursuivre leurs études. En 2012, alors que j’étais membre du Congrès pour la transition, j’ai présidé la commission « Genre » à l’Assemblée nationale. C’est à ce titre que j’ai proposé et porté une loi imposant un quota de 30 % de femmes lors des nominations et élections. Cette loi a été votée, ce fut une avancée majeure.
L. R. : Nous poursuivons notre action en collaboration avec les ONG internationales et les associations féminines. Les résultats commencent à se faire sentir. Mais il faut encore renforcer les actions de terrain, et continuer à faire évoluer les mentalités.
L. R. : Je suis particulièrement engagée sur le plan social. Je soutiens le développement de la formation professionnelle, la création de coopératives et d’associations pour accompagner les femmes seules (veuves, mères célibataires) vers l’autonomie financière. Nous soutenons aussi activement les femmes paysannes. L’objectif est de leur offrir des perspectives concrètes d’émancipation économique.
L. R. : Il y a une vraie complémentarité entre Madagascar, La Réunion et les autres îles de la région. Lors d’une réunion récente de la Commission de l’océan Indien, organisée à Madagascar, nous avons trouvé un terrain d’entente sur plusieurs sujets, comme la question des visas. Notre président a demandé à celui de La Réunion de faciliter les démarches pour les entrepreneurs. D’autres sujets comme les douanes ou les taxes ont également été abordés pour fluidifier les échanges inter-îles.
L. R. : Je vais prochainement soumettre une proposition de loi sur l’héritage. Aujourd’hui, à Madagascar, le conjoint arrive en huitième position dans l’ordre successoral, après les enfants, petits-enfants, grands-parents, frères et sœurs, cousins, tantes... L’État arrive en neuvième position. Je souhaite que le conjoint figure désormais en troisième position. Par ailleurs, nous avons récemment adopté une loi importante pour lutter contre les violences liées au genre, mais aussi pour mieux sanctionner les violences faites aux enfants. Des combats qui me tiennent particulièrement à cœur.
memento.fr
1 COMMENTAIRE(S)
- Le 01-07-2025 16h29
L’ORTPE remercie chaleureusement Madame Lanto Rakotomanga, députée malgache et cheffe d’entreprise, pour sa présence à La Réunion et pour son témoignage inspirant en faveur de l’entrepreneuriat et la coopération régionale. Félicitations également à Nadine, Wilfrid et Omar pour leur implication active dans l’Alliance, l’ORTPE et la Fédaction , des structures qui agissent chaque jour au service des entreprises de notre territoire. Nous sommes tous dans le même bateau, unis par la volonté de bâtir une économie plus juste, plus solidaire et plus ancrée dans nos réalités locales. Enfin, l’ORTPE salue l’ensemble des acteurs politiques qui œuvrent concrètement pour faire avancer l’économie réunionnaise et inter-îles, avec courage et vision.