Les représentants des filières agricoles et halieutiques de La Réunion alertent sur les conséquences du futur cadre financier pluriannuel de l’Union européenne, qui pourrait, à partir de 2028, marquer la fin de la plupart des dispositifs spécifiques en faveur des Outre-mer. Une telle évolution, préviennent-ils, menacerait directement la souveraineté alimentaire et la cohésion économique des territoires ultramarins.
Depuis la création de la Politique agricole commune (PAC) en 1962, puis du POSEI en 1989, l’Europe a toujours considéré « la souveraineté alimentaire comme une priorité absolue ». Ces politiques, complétées par le FEAMPA pour la pêche et le FEDER pour l’investissement, ont permis d’adapter les soutiens européens aux réalités insulaires, où « produire, transformer et vivre à 10 000 kilomètres du continent européen coûte plus cher, prend plus de temps et demande de l’engagement et de l’ingéniosité ».
À La Réunion, l’agriculture repose sur 35 000 hectares de surfaces productives et 6 000 exploitations. L’île affiche près de 70 % d’autonomie alimentaire en produits frais et une production de 4 000 tonnes de poissons couvrant 25 % de la consommation locale. Ce modèle, fondé sur la complémentarité entre cultures vivrières et culture de la canne à sucre, est jugé « résilient, exemplaire et de plus en plus circulaire ».
Mais les acteurs locaux dénoncent aujourd’hui « une Europe de plus en plus déconnectée du terrain ». Selon eux, la Commission européenne « impose à ses propres agriculteurs des règles toujours plus strictes, tout en multipliant des accords de libre-échange avec des pays non européens » qui exportent vers le continent des produits « à bas prix, issus de normes sociales et environnementales beaucoup moins contraignantes ».
Cette situation accentue la pression sur les filières réunionnaises, déjà confrontées à la hausse du coût des carburants et à la difficulté de renouveler les flottes de pêche. « À quoi bon parler de résilience, de souveraineté et de transition, si l’Europe abandonne ceux qui, sur le terrain, les incarnent chaque jour ? » s’interrogent les signataires de la tribune.
Ils appellent à « redonner à l’agriculture et à la pêche des Outre-mer la place qu’elles méritent en Europe » et exhortent les eurodéputés, les élus réunionnais et le gouvernement français à intervenir pour que la Commission « revienne sur sa proposition ». En conclusion, ils affirment leur volonté de « contribuer à redonner du sens au projet européen », dans le respect des engagements historiques de solidarité et de cohésion territoriale.
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