Le Parc national de la Guadeloupe a confirmé l’observation d’un lamantin des Caraïbes au large de la commune du Moule, un événement inédit depuis près d’un siècle. L’animal, identifié comme Taicaraya, avait été relâché en février 2025 à Porto Rico, à l’embouchure de la rivière Espiritu Santo, dans le cadre d’un programme de conservation. Il aurait parcouru plus de 500 kilomètres pour atteindre les côtes guadeloupéennes.
Cette apparition revêt une portée symbolique. Le lamantin, mammifère marin protégé, avait disparu des eaux guadeloupéennes au début du XXe siècle, principalement à cause de la chasse, de la destruction des habitats côtiers et de l’urbanisation. Le retour de Taicaraya témoigne du bon état écologique des littoraux locaux, mais ne préfigure pas une recolonisation spontanée. Il s’agit, selon le Parc national, d’un cas isolé.
Cette observation fait écho aux efforts menés entre 2008 et 2018 dans le cadre du programme européen LIFE SIRENIA, porté par le Parc national de la Guadeloupe. Le projet visait à évaluer la faisabilité d’une réintroduction durable du lamantin dans le Grand Cul-de-sac marin. Il a permis d’identifier les obstacles à une telle opération, notamment d’ordre vétérinaire, et de préciser les conditions nécessaires à la réussite de futures interventions.
Le comportement de Taicaraya s’inscrit dans un phénomène connu sous le nom de bioprospection géographique. Ce mécanisme naturel pousse certains individus à explorer de nouveaux territoires, renforçant ainsi les connexions entre populations et la résilience des espèces face aux changements environnementaux.
Face à cette visite exceptionnelle, les autorités appellent à une vigilance renforcée. « L’observation d’un lamantin dans nos eaux est un événement exceptionnel, mais elle ne doit en aucun cas conduire à des comportements irréfléchis. Approcher cet animal à moins de 300 mètres, même sans intention de nuire, peut gravement perturber son comportement, l’exposer à des blessures ou compromettre sa survie. J’en appelle à la responsabilité de chacun : admirons-le, protégeons-le, mais à bonne distance », a déclaré Harry Ozier-Lafontaine, directeur du Parc national de la Guadeloupe.
Toute tentative d’approche est strictement interdite par la réglementation. Les usagers de la mer sont invités à ne pas diffuser la localisation de l’animal et à signaler toute observation au réseau d’échouage (06 90 57 19 44).
Le Parc national remercie l’ensemble des citoyens, pêcheurs, opérateurs nautiques et plaisanciers pour leur coopération dans la protection de cette espèce emblématique.
memento.fr
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