Les propositions du Premier ministre François Bayrou pour économiser 44 milliards d’euros sur le budget 2026 ne passent pas inaperçues. Si l’homme fort de Matignon prône des efforts partagés, notamment via la suppression de deux jours fériés, gel des prestations sociales et réduction du nombre de postes publics, les réactions des forces politiques réunionnaises sont unanimes : c’est non.
Du Parti socialiste réunionnais au mouvement Nouvel R’, en passant par la députée Karine Lebon, ils dénoncent une attaque frontale contre les acquis sociaux et un mépris des réalités ultramarines.
Nouvel R’ : “Les Outre-mer ne doivent pas subir la double peine”
Le mouvement Nouvel R’ déplore que «?La Réunion ne peut pas être traitée comme les autres territoires?», et alerte sur les conséquences disproportionnées de ce plan sur une île déjà marquée par un coût de la vie élevé, un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale et une population vieillissante. Selon le mouvement, «?le gel des prestations sociales, la suppression de jours fériés, ou encore les restrictions sur les arrêts maladie pourraient aggraver les tensions sociales?». Nouvel R’ appelle solennellement l’État à respecter le principe de différenciation prévu à l’article 73 de la Constitution, et à «?travailler avec les élus et les forces vives de notre île avant toute décision?».
Karine Lebon : “La guerre sociale est déclarée”
La députée de la 2e circonscription de La Réunion, Karine Lebon, dénonce un plan d’austérité qui constitue selon elle «?une rupture grave avec le pacte social?». Elle affirme : «?À La Réunion, 76 % de la population perçoit une aide de la CAF, et 230?000 personnes vivent grâce au RSA. […] Ne pas revaloriser les aides dans un tel contexte revient à aggraver la pauvreté et à pousser des milliers de foyers vers l’exclusion.?» Elle condamne également le gel des retraites, alors qu’«?un retraité sur deux vit sous le seuil de pauvreté?» sur l’île. Concernant les économies prévues sur la santé, elle est formelle : «?Notre système de santé n’est pas un poste de dépense, mais un bien commun. Y porter atteinte revient à affaiblir l’un des fondements de la République.?» Karine Lebon appelle enfin à une censure parlementaire, estimant que ce plan est une décision politique “au détriment du plus grand nombre”.
Le Parti Socialiste : “Une faute morale et historique”
Le PS, par la voix de sa fédération réunionnaise, fustige une politique «?d’obstination libérale?» au service des plus fortunés. «?François Bayrou veut faire payer encore un peu plus tous les Français, dont l’impôt va augmenter avec le gel du barème de l’IR, tout en continuant à épargner les super riches?», dénonce le parti de gauche. La suppression de jours fériés, et notamment du 8 mai, est perçue comme «?une faute morale et historique?». Le PS critique également une «?politique austéritaire?» qui pénalise les plus vulnérables : familles monoparentales, retraités, malades, personnes précaires… et affirme que «?la copie présentée est purement inacceptable?». Comme Karine Lebon, le PS appelle à une motion de censure, promettant des propositions alternatives à la rentrée, centrées sur la justice fiscale.
Des économies nécessaires ?
Du côté de Matignon, François Bayrou défend une ligne claire : éviter l’effondrement budgétaire et restaurer la crédibilité financière de la France. Selon les économistes, chaque jour férié travaillé pourrait rapporter jusqu’à 2 milliards d’euros, et «?les Français doivent comprendre que l’effort est collectif, ou la dette s’imposera à nous par la contrainte des marchés.?» Certains valident l’idée que travailler plus est ?une solution praticable à court terme, à condition de ne pas toucher aux symboles historiques. D’autres soulignent que le gel des prestations pourrait certes faire baisser les dépenses publiques, mais au prix d’une montée des inégalités sociales et d’un risque de rupture dans les territoires d’Outre-mer.
À La Réunion, les lignes sont claires. Les principaux partis et élus s’opposent frontalement aux mesures envisagées, y voyant un danger pour la cohésion sociale locale. Si François Bayrou souhaite instaurer une discipline budgétaire, il devra, pour cela, composer avec la résistance des territoires ultramarins, qui refusent d’être les variables d’ajustement d’une politique nationale qu’ils jugent inéquitable.
Memento.fr
1 COMMENTAIRE(S)
- Le 17-07-2025 10h02
les députés font partie des 3% de français les plus riches selon l'INSEE. a t on besoin d autant de députés, d'autant de privilèges ? quand on pense que si les votes blanc étaient comptabilisés seulement 1/3 seraient élus....