Fraîchement arrivé mardi au ministère des Outre-mer, Manuel Valls a affirmé vouloir faire de Mayotte, ravagée par le cyclone Chido, une “priorité” et s’y rendre “avec le Premier ministre le plus vite possible”.
« Je n’ignore rien de la colère, de la peur et de l’angoisse de nos compatriotes mahorais. L’État est en train d’y répondre », a déclaré l’ancien Premier ministre socialiste lors de la cérémonie de passation au ministère des Outre-mer.
« Mayotte c’est l’urgence, c’est notre priorité », a-t-il insisté, après avoir déclaré plus tôt sur France Inter vouloir se rendre rapidement sur place.
Il va d’abord se concentrer sur les sujets urgents pour l’archipel situé dans l’océan Indien : “l’eau, la nourriture, les transports, l’électricité, les déplacements, le logement, (…) l’école et la rentrée scolaire au mois de janvier”.
L’ancien socialiste a aussi promis un « engagement de la nation pour reconstruire Mayotte, mieux et différemment », dans le cadre d’une loi de reconstruction qu’il espère voir adoptée prochainement en conseil des ministres.
Emmanuel Macron a en effet promis une loi spéciale pour “rebâtir Mayotte” et “mettre fin” aux bidonvilles, avec un délai potentiel de deux ans pour cette reconstruction, selon le Premier ministre François Bayrou.
Solennel à son arrivée à la tribune de l’hôtel de Montmorin pour la cérémonie de passation avec son prédécesseur François-Noël Buffet, Manuel Valls a progressivement affiché une mine réjouie au fil du discours de ce dernier.
« Ce furent trois mois intenses, trois mois d’action marqués par des urgences : la Nouvelle-Calédonie, la Martinique, Mayotte », a résumé François-Noël Buffet, avant de souhaiter à son successeur « que tous les moyens [lui] soient donnés pour continuer à porter les enjeux » des Outre-mer.
« L’Outre-mer est un grand ministère de l’État. C’est pour cela que le Premier ministre a souhaité que le ministère des Outre-mer soit un ministère d’État, incarné par un ancien Premier ministre », a répondu Manuel Valls.
Les questions de logement, de transition énergétique, de transport, de lutte contre les inégalités, d’accès à l’eau et aux soins, de sécurité, et d’économie bleue figurent parmi ses priorités annoncées.
Ni gauche, ni droite
Autre préoccupation immédiate : la Nouvelle-Calédonie, dont le gouvernement indépendantiste est tombé mardi après la démission de membres loyalistes du mouvement Calédonie ensemble.
« La Nouvelle-Calédonie a besoin d’un gouvernement le plus vite possible. Il est difficile de construire un avenir sans gouvernement pour l’archipel », a commenté Manuel Valls.
Hervé Mariton, président de la Fédération des entreprises d’Outre-mer et ancien ministre de l’Outre-mer (2007), a salué auprès de l’AFP « la place éminente des Outre-mer confiées à un ministre d’État, ancien Premier ministre », tout en félicitant Manuel Valls.
Cependant, le retour de l’ancien Premier ministre sur la scène politique française, et sa nomination aux Outre-mer, suscite des réactions mitigées.
Pour Mansour Kamardine, ancien député de Mayotte et vice-président LR en charge des Outre-mer, cette nomination « s’apparente pour les Mahorais à un Chido 2 qui s’abat sur Mayotte ».
Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, a réagi de façon plus nuancée, espérant que Manuel Valls saura « trouver les voies de l’apaisement en Nouvelle-Calédonie, celles d’une assistance accrue et d’une reconstruction durable à Mayotte », ainsi que « la force d’imposer une feuille de route ambitieuse pour l’ensemble des Outre-mer ».
Interrogé sur France Inter sur son parcours et ses positions politiques, Manuel Valls s’est décrit comme « ni l’aile gauche, ni l’aile droite » au sein du gouvernement Bayrou. « Là où je suis, je dois être attentif à tous les électeurs, quel que soit leur vote », a-t-il souligné, ajoutant que « l’extrême gauche, la gauche et le Rassemblement national » sont influents dans les territoires ultramarins.
Se qualifiant d’amateur de défis et de prises de risques, il a évoqué sa tentative infructueuse de conquérir la mairie de Barcelone en 2018, qu’il ne considère pas comme un échec : « La vie, ce sont des réussites et surtout des échecs. C’est ça la beauté de la vie », a-t-il conclu avec philosophie.
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