La ministre de l'Éducation nationale démissionnaire, Nicole Belloubet, a plaidé mardi pour que le budget de son ministère soit "à minima sanctuarisé" avant l'ouverture des discussions sur le budget 2025 que mènera le futur gouvernement. Dans un contexte politique incertain, elle a également défendu les réformes en cours, dont l'avenir reste incertain.
Critiquée sur les réseaux sociaux pour avoir tenu la traditionnelle conférence de presse de rentrée malgré un gouvernement démissionnaire, Nicole Belloubet a rappelé l'importance de ce "temps d'action" à quelques jours de la rentrée des 12 millions d'élèves prévue le 2 septembre. "Les affaires courantes ne sont ni un temps suspendu pour l'école, ni un temps mort", a-t-elle justifié.
La veille, la ministre, en poste depuis près de sept mois, avait réuni les recteurs pour préparer cette rentrée délicate. Parmi les enjeux clés, le budget de l'Éducation nationale, premier poste de dépenses de l'État, a été au cœur des discussions. "La cohérence voudrait que le budget de l'Éducation nationale soit à minima sanctuarisé. Le prochain gouvernement devra y être très attentif s'il souhaite maintenir une réelle ambition pour cette priorité nationale", a déclaré Nicole Belloubet. Elle a également souligné que le projet budgétaire actuel, proposé par Matignon, "ne répond pas à l'ensemble de nos besoins".
Parmi les sujets brûlants de cette rentrée, la mise en place de l'enseignement du français et des mathématiques en groupes en sixième et en cinquième suscite de vives résistances dans les établissements scolaires. Ces groupes de niveau, rebaptisés "groupes de besoins" par Nicole Belloubet, ont pour objectif de mieux prendre en compte la diversité des élèves tout en renforçant leur maîtrise des savoirs fondamentaux. La ministre a promis une mise en œuvre "avec souplesse et pragmatisme", tout en précisant que cette mesure controversée serait évaluée parallèlement à son déploiement.
Un autre défi majeur reste le manque d'enseignants, une "urgence structurelle" selon les syndicats. "À la réouverture des académies, nous étions tout proches d'atteindre nos objectifs de 100% de couverture du besoin en enseignants", a assuré Mme Belloubet. Néanmoins, plus de 3 000 postes restent non pourvus pour cette rentrée, posant la question de la continuité pédagogique tout au long de l'année.
Concernant l'évaluation des élèves, la ministre a annoncé que l'obtention du brevet ne serait probablement pas obligatoire pour le passage en seconde. "Ces nouvelles modalités d'évaluation ne sont pas nécessairement corrélées avec l'obligation d'obtention du brevet pour intégrer le lycée", a-t-elle précisé, ajoutant que le décret prévu à cette fin était pour l'instant gelé.
En réponse aux recommandations de la commission "écrans" voulue par Emmanuel Macron, Nicole Belloubet a également annoncé l'expérimentation de l'interdiction des téléphones portables dans 200 collèges, avec une possible généralisation de cette "pause numérique" dès janvier 2025.
En conclusion, la ministre a exprimé son souhait de poursuivre son mandat tout en ouvrant la voie à une "réflexion globale sur le temps de l'enfant". Elle a proposé d'aborder cet enjeu sous trois volets : le temps des familles, le temps scolaire, et le temps de l'enseignant, appelant à une "large réflexion partagée" sur ces sujets cruciaux pour l'avenir de l'éducation.
Par Sophie Laubie et Anne-Sophie Morel
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