Trente-cinq ans après la dernière visite présidentielle française à Maurice, Emmanuel Macron a voulu marquer un tournant. En déplacement officiel sur l’île sœur, le chef de l’État français a multiplié les annonces, les engagements et les symboles, dans un discours dense où il a rappelé la profondeur des liens historiques et stratégiques qui unissent Paris et Port-Louis.
Dès l’ouverture de son allocution, Emmanuel Macron a souligné la dimension exceptionnelle de ce déplacement. Il a rappelé qu’il venait « plus de 35 ans après celle du président François Mitterrand » et qu’un tel intervalle « ne reflète en rien la qualité de notre relation ». Le Président a salué « l’esprit de confiance » de son homologue mauricien Navin Ramgoolam, insistant sur la nécessité de réparer un oubli diplomatique de plusieurs décennies.
Au cœur des discussions figure la sécurité maritime, priorité commune face aux trafics, à la pêche illégale et aux tensions géostratégiques régionales. Emmanuel Macron a confirmé la signature d’accords majeurs permettant « une meilleure mobilisation conjointe des moyens navals français » et un renforcement de la surveillance aérienne mauricienne. Les deux pays veulent également intensifier leur lutte contre « les narcotrafics et la criminalité organisée ».
Le Président a salué l’engagement de Maurice dans la protection des océans, rappelant que le traité BBNJ, consacré à la biodiversité en haute mer, constitue « une avancée historique ». Il a également mis en lumière les projets communs liés à l’économie circulaire et à la réduction de la pollution plastique, illustrés par la visite du navire Plastic Odyssey.
Les besoins mauriciens en énergie et en eau ont été longuement abordés, des sujets qualifiés de « préoccupations majeures pour la population mauricienne ». Emmanuel Macron a annoncé l’intervention rapide d’EDF pour analyser « les vulnérabilités du réseau électrique », ainsi que des investissements dans les infrastructures hydrauliques, appuyés par l’Union européenne et l’AFD.
Dans le domaine alimentaire, de nouveaux accords sur le sucre et le blé ont été signés. Le Président a insisté sur un partenariat vital « pour la sécurité alimentaire de Maurice » et sur la continuité d’une coopération économique vieille de plusieurs décennies.
L’un des piliers de cette visite réside dans l’éducation et la francophonie. Le chef de l’État s’est réjoui de l’introduction à Maurice d’une filière bilingue d’excellence Français Anglais dans l’enseignement public. Il a aussi confirmé « la poursuite de l’organisation des BTS français » par la Chambre de Commerce et d’Industrie mauricienne.
Des accords universitaires faciliteront également l’échange de compétences, de diplômes et de formations, renforçant encore davantage l’emprise francophone dans l’archipel.
La technologie a occupé une place centrale durant la visite. Emmanuel Macron a salué l’énergie de la jeunesse mauricienne rencontrée lors d’un forum dédié à l’intelligence artificielle. Il a rappelé que le festival AI for Good, né à Maurice, s’étend déjà dans sept pays africains et jusqu’en Nouvelle-Calédonie. Un symbole, selon lui, du rôle croissant de l’île dans l’innovation indo-pacifique.
Le Président de la République a annoncé une série d’initiatives patrimoniales, avant d’indiquer qu’il se rendrait au Jardin de Pamplemousses pour un hommage aux pères fondateurs de la démocratie mauricienne. L’inauguration des nouveaux locaux de l’ambassade de France, conçus comme un modèle écologique, vient renforcer la dimension symbolique de la visite.
Sur la question sensible de Tromelin, Emmanuel Macron a évoqué « une approche respectueuse et pragmatique », souhaitant « avancer de manière conjointe » sur un dossier qui ne doit pas « nous diviser ».
Le chef de l’État a également affirmé la convergence de positions franco-mauriciennes sur la situation à Madagascar. Il a salué « la volonté des nouvelles autorités » malgaches d’organiser une transition limitée dans le temps vers des élections, précisant que la France accompagnerait cet effort dans un esprit « d’ouverture ».
En dressant un large panorama des défis communs – sécurité maritime, changement climatique, énergie, francophonie, innovation – Emmanuel Macron a voulu replacer Maurice au centre de la diplomatie française dans l’Indo-Pacifique.
Il a conclu en réaffirmant la profondeur d’un lien bâti « sur l’histoire, la langue, la géographie et la confiance ». Une manière de sceller une relation que Paris entend désormais inscrire dans une dynamique beaucoup plus régulière, stratégique et régionale.
Memento.fr

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