Ce déplacement à Mayotte et à La Réunion ne relevait pas vraiment d’un choix, mais d’une nécessité diplomatique. C’est sous la contrainte que celui qui se faisait jadis appeler le “maître des horloges” a dû s’incliner devant les impératifs de la géopolitique régionale.
Il fallait bien faire escale avant de rejoindre la COI à Madagascar : comment justifier une présence à Tananarive sans saluer les territoires français de la zone ? Ce passage sentait davantage l’opération de communication que la véritable visite républicaine. Tout y était : agenda restreint, absence de rencontres associatives, public trié sur le volet. Gare à ceux qui espéraient encore des bains de foule à la Chirac ou des poignées de main à la Sarkozy.
Avec Macron, c’est sécurité maximale, mise en scène millimétrée, spontanéité interdite. La presse nationale n’a livré que des images fades, vides de sens, où La Réunion n’a jamais été un sujet. Pas un mot sur cette jeunesse inventive, cette société résiliente, cette île pleine de ressources humaines, culturelles et sociales. Les journalistes parisiens ont suivi le convoi sans broncher, priés de ne surtout pas sortir du rang, sous peine d’un rappel à l’ordre par le service de communication présidentielle. Une ambiance où la liberté de la presse semble elle aussi sous surveillance. Ce qui aurait pu être un moment de rencontre et d’inspiration n’aura été qu’une escale technocratique. Pas une parole forte, pas de souffle, pas d’élan.
Et pour couronner le tout, la mort du Pape a monopolisé l’attention médiatique mondiale. Difficile de rivaliser, même quand on est Président. Mais tout de même : à défaut de faire l’Histoire, Emmanuel Macron aurait pu donner un signal. À la place, il a offert l’image d’une cour élyséenne en déplacement, privée d’aristocratie et surtout de vision.
GGLP
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