Alors que les discussions sur le futur cadre financier pluriannuel de l’Union européenne (CFP 2028-2034) s’intensifient, les Régions ultrapériphériques (RUP) expriment de vives inquiétudes quant à une possible recentralisation des politiques régionales. La présidente de la Région Réunion, Huguette Bello, a interpellé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un courrier daté du 4 juillet, appelant à « maintenir au sein de l’architecture financière un cadre efficient permettant la mise en œuvre au niveau régional de programmes adaptés à notre réalité, respectueux du principe de subsidiarité ».
Dans un contexte où la Commission européenne envisage de nouveaux arbitrages budgétaires, la menace d’une renationalisation des fonds structurels – jusque-là partagés entre Bruxelles, les États et les régions – suscite de fortes oppositions. Lors de l’Assemblée plénière du Conseil régional du 26 juin, Huguette Bello avait déjà souligné que « la vigilance s’impose à l’échelle de l’Union européenne », craignant une réduction des crédits de la politique de cohésion et la remise en cause des futurs programmes européens.
Les RUP, reconnues à l’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), bénéficient de dispositifs spécifiques du fait de leur éloignement géographique et de leurs contraintes structurelles. Dans son courrier, Huguette Bello rappelle que « l’approche régionale est consubstantielle à leur statut de RUP » et qu’une centralisation par les États membres « ne pourrait qu’être une remise en cause historique pour nos territoires ».
Le vice-président du Parlement européen, Younous Omarjee, a lui aussi adressé un courrier à Ursula von der Leyen, réaffirmant que « la politique de cohésion est une expression concrète de la solidarité européenne et un pilier fondamental du projet d’intégration ». Il met en garde contre toute disparition des règlements et instruments financiers européens propres, comme le FEDER, le FSE+, ou encore le POSEI, qui pourraient être remplacés par des plans nationaux uniques. Une telle évolution, estime-t-il, « marquerait un recul inédit des politiques européennes » et trahirait les engagements pris devant le Parlement.
Alors que la Commission européenne a dévoilé ses premières orientations le 16 juillet, les signaux envoyés de Bruxelles inquiètent les élus des RUP. Pour ces derniers, seule une politique européenne construite sur des fondements territoriaux partagés et un financement transparent permettra de répondre aux inégalités persistantes et aux défis spécifiques auxquels ils sont confrontés.
La Région Réunion, aux côtés des autres RUP, annonce rester pleinement mobilisée « pour défendre la place des régions dans les priorités européennes à venir ».
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