Créées par la loi du 6 août 1955, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) fêtent cette année leurs 70 ans. Ce territoire d’outre-mer unique, sans population permanente, s’étend sur cinq districts emblématiques : Crozet, Kerguelen, Saint-Paul-et-Amsterdam, la Terre Adélie et les îles Éparses. Ensemble, ils couvrent plus de 2,3 millions de km² de zone économique exclusive (ZEE), soit 20 % de l’espace maritime français, un levier majeur pour la souveraineté nationale.
Depuis leur création, les TAAF remplissent trois missions essentielles : affirmer la souveraineté française, soutenir la recherche scientifique et protéger l’environnement. Ces objectifs sont portés par une présence humaine continue dans des conditions d’isolement extrême.
"Il y a 70 ans, la France prenait une décision visionnaire : celle de faire des Terres australes et antarctiques françaises un territoire à part entière, protégé et valorisé pour sa biodiversité exceptionnelle et son rôle stratégique." En 2025, cette ambition se traduit par un modèle de gestion durable reconnu à l’international : la réserve naturelle nationale des TAAF est aujourd’hui la deuxième plus grande aire marine protégée au monde. Son extension aux îles Éparses est prévue au cours de l’année.
Les TAAF constituent également un terrain de recherche scientifique de premier plan. La France s’y classe premier pays au monde pour la production d’articles scientifiques sur le subantarctique, et cinquième pour l’Antarctique. En 2024, plus de 300 scientifiques ont été mobilisés sur ces territoires.
Le 70e anniversaire est aussi l’occasion de rendre hommage à ceux qui ont vécu l’expérience des TAAF. Hivernants, scientifiques, marins, préfets ou cuisiniers témoignent d’une aventure humaine hors norme. "On ne revient pas de cette expérience humaine sans en avoir été marqué pour la vie, c’est ce que l’on a nommé le syndrome austral", confie Claude Launay, hivernant à Kerguelen en 1975.
Parmi les figures emblématiques, Isabelle Autissier, présidente du conseil consultatif des TAAF et marraine de l’anniversaire, raconte sa première escale à Kerguelen, à la suite d’un démâtage en 1994 : "Même si je connaissais ce territoire intellectuellement et géographiquement, j’ai ressenti un choc incroyable en arrivant avec mon bateau et en découvrant Kerguelen."
Le coup d’envoi des festivités a été donné à La Réunion le 30 mars dernier, avec une journée portes ouvertes à bord du Marion Dufresne. Le public a pu découvrir ce navire emblématique des rotations logistiques vers les districts, accompagné d’un village TAAF sur le quai : projections, conférences, philatélie, animations pour enfants et stands d’information ont attiré un large public.
Un partenariat avec la chaîne YouTube Balade Mentale, suivie par près d’un million d’abonnés, a aussi été lancé. Son créateur, Théo Drieu, embarquera prochainement à bord du Marion Dufresne pour une expédition documentaire dans les îles australes. D’autres projets sont en cours, comme une série de podcasts qui a débuté en mars sur le thème des océans, et le lancement de la page Instagram officielle des TAAF.
Plusieurs temps forts sont encore attendus cette année. Le Muséum national d’Histoire naturelle accueillera à Paris, les 19 et 20 novembre, un colloque international réunissant scientifiques, explorateurs, historiens et anciens des TAAF. "Ce colloque réunira des anciens des TAAF ainsi que plusieurs personnalités issues du monde scientifique, maritime, historique et culturel afin d’aborder les multiples facettes de ces territoires isolés et fascinants."
Le public pourra également découvrir, dès mai 2025, une exposition conjointe au Musée d’Histoire naturelle de La Réunion, consacrée à l’observation du passage de Vénus à Saint-Paul en 1874, un événement majeur dans l’histoire astronomique française.
Enfin, un timbre commémoratif dessiné par Xavier Gorce paraîtra le 6 août 2025, en clin d’œil aux "Indégivrables" et à l’humour polaire.
Les TAAF ne comptent pas s’endormir sur leur passé. "L’adaptation de nos bases au changement climatique", "la réduction de l’impact des activités humaines" ou encore "le développement de technologies innovantes dans l’eau, l’énergie ou les transmissions" font partie des chantiers évoqués pour l’avenir. "Si je devais formuler un souhait pour les 70 ans des TAAF, ce serait qu’un jour, sur les cartes de France apprises par les enfants, figurent également ces territoires", résume Isabelle Autissier.
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