L'autorité de la concurrence a autorisé le rachat, sous condition, de Vindémia, filiale du groupe Casino, par le distributeur GBH (Groupe Bernard Hayot) à La Réunion, une opération à laquelle s'opposait la majorité des élus locaux, dénonçant une atteinte à la concurrence. Casino avait annoncé le 22 juillet 2019 qu'il allait céder sa filiale Vindémia au distributeur GBH, pour 219 millions d'euros.
Vindémia dispose d'hypermarchés, supermarchés et magasins de proximité dans différents territoires d'Outre-mer et pays de l'océan Indien (La Réunion, Madagascar, Mayotte et Maurice). Mais les présidents des conseils régional et départemental de La Réunion, les sept députés et quatre sénateurs de l'île avaient dénoncé cette transaction qui menaçait selon eux la concurrence, puisque GBH est déjà "déjà largement implanté sur le territoire réunionnais: grande distribution, importation, bricolage, automobile, loisirs, restauration rapide".
Pour l'Autorité de la concurrence, cette fusion-acquisition présentait des "risques d'atteinte à la concurrence sur les marchés de la distribution au détail à dominante alimentaire, de la distribution des livres et sur le marché amont de l'approvisionnement", où l'opération "était de nature à renforcer la dépendance économique de certains fournisseurs locaux". Mais "pour répondre (à ces) problèmes de concurrence, GBH s'est engagée à y remédier avant la réalisation de l'opération, en cédant sept magasins à deux repreneurs faisant l'objet d'un agrément préalable de l'Autorité", explique l'Autorité de la concurrence. le groupe Make Distribution va reprendre quatre hypermarchés ainsi qu'un point de vente Agora, et le groupe Tak deux supermarchés.
L'Autorité considère que "les cessions vont permettre de garantir une animation concurrentielle, notamment en prix, en faveur des consommateurs". De plus, "GBH a souscrit une série d'engagements" pour "préserver les fournisseurs +amont+ de risques de dégradation de leur situation concurrentielle", note l'autorité.
GBH va notamment "maintenir le niveau actuel des approvisionnements auprès de la production locale, en se fournissant en particulier chaque année auprès des producteurs locaux à hauteur de 25-35% des achats totaux réalisés par ses grandes surfaces alimentaires", et va proposer à ceux qui le souhaitent "un contrat d'une durée de deux ans au lieu d'un contrat annuel", des engagements "de protection des fournisseurs inédits", selon l'autorité.
"Notre territoire perd le contrôle sur la destinée de son économie", a dénoncé la députée PS Ericka Bareigts dans un communiqué, évoquant "une mauvaise décision pour La Réunion".
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